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Mon #storytelling : De Eichhoffen à Broadway, le (pas si) fabuleux destin d’une quinqualsacienne.

J’ai toujours été animée par la soif d’exister en racontant ma vie. Même quand je n’avais pas encore de vie à raconter, Je remplissais des carnets intimes, je racontais des histoires, je « faisais mon cinéma » comme disait ma mère. Et pourtant, il m’a fallu 50 ans pour me libérer du carcan de mon éducation et arriver à la pleine expression de cette vocation précoce.



Je viens, en effet, d’un petit village de 400 âmes sur la Route des vins d’Alsace : Eichhoffen. Je suis née de l’union d’un patriarche à l’ancienne et d’une émigrée allemande de 18 ans à peine, qui fera pourtant tout pour que je sois « bien élevée » (profil bas, docile, rien qui dépasse). Hélas, parfois on peut très bien faire les choses et les rater quand même. Je n’ai jamais su fermer mon clapet, intégrer les bonnes manières, rester dans le rang, accepter les « c’est comme ça »… J’étais « différente », « pas comme les autres ». J’étouffais dans cette vie étriquée, je rêvais de faire du cinéma et de tout laisser derrière moi pour monter à Paris !


A 20 ans, ma vie d’expatriée alsacienne à Paris commence – sans jamais perdre ni mon accent, ni mon caractère « brut de fonderie ». Je fais carrière dans la comédie. Pas exactement au cinéma, plutôt dans la comédie humaine. Je deviens consultante en marketing et communication, experte en prospection stratégique. Pas malheureuse pour autant, car j’aime me sentir forte, intelligente, maitresse de mon sujet. J’ai conscience que la vie d’artiste compte plus de galériens que d’élus. Peu attirée par un destin de saltimbanque, je reste néanmoins titillée par le syndrome « j’aurais voulu être une artiiiiiste ».


Je crée ma boîte et me marie une première fois à 25 ans… pour déposer le bilan et divorcer trois ans plus tard. Je décide alors de ne plus consacrer 100% de mon temps à mon travail… à une époque où la convention veut qu’un consultant carbure 60 heures par semaine. Je deviens ce qu’on appelle aujourd’hui une « slasheuse », à m’investir dans deux activités en parallèle (mon métier/ma passion) – un phénomène qui s’est amplifié avec le confinement.

Tout en poursuivant ma carrière, je reprends mes études (licence en langues et civilisations orientales), écris des guides touristiques ("Istanbul" et "Allemagne", chez Michelin), deviens chroniqueuse à la télé (Émission de Christine Bravo "Douce France" sur France 2), sors un roman ("Juliette fait de la télé" chez Stock), fais des bébés (deux garçons), lance un blog ("Le monde de Juliette"), rédige pour Hachette, puis Fleurus, une trentaine de guides psycho-humoristiques (notamment dans la collection "on n’est pas de Gourdes")… Cependant, au tournant de la cinquantaine, je sens comme un vide, un besoin de me reconnecter au sens profond de ma vie. Oui mais comment ? Que faire ?


J’ai le déclic en prenant le métro avec des collègues. Je raconte durant la demie heure du trajet mon expérience tragi-comique de « traumatisée de la période d’essais ». Je réalise que rien ne m’éclate davantage que de faire rire les gens en racontant ma vie. Et justement, il existe une discipline dont c’est la vocation : le One-Man-Show. A présent que les enjeux (réussir, gagner ma vie, devenir connue) n’ont plus de raison d’être - puisque je suis reconnue et gagne bien ma vie ailleurs -, que mon grand âge me protège des excès d’enthousiasme et d’ambition (trop tard pour devenir la prochaine Florence Foresti), pourquoi ne pas faire du One-Man-Show juste pour le plaisir (et plus si affinités) ?


Je m’inscris donc à l’École du One-Man-Show de Paris qui propose « un cours de théâtre spécialisé dans l’humour, en amateur, mais sérieusement ». Je suis vite confronté à un paradoxe cuisant : Je fais rire tout le monde spontanément dans la vie mais plus personne quand je monte sur scène. Heureusement, humoriste, c’est comme tous les métiers, ça s’apprend… dans le doute et la sueur !


Au bout de deux ans, j’intègre le Big Show, la troupe des meilleurs éléments de l’école. Trois ans plus tard, je joue mon premier One+One Show « Carole et Catoch’ partent en live ». En parallèle, je crée ma page Facebook Le Life-Up de Catoch qui devient ma vie, mon œuvre. Je m’investis avec passion jusqu’à fédérer une communauté de plus de 7000 abonnés. Et en mars 2019, je raconte dans le showcase de mon premier One-Woman-Show « Nom d’une Quetsche ! » ma vraie vie d’Alsacienne expatriée à Paris. Du Stand-Up à l’alsacienne, ancré dans le terroir mais ouvert sur le monde, tout en français, mais avec l’accent ! Puisque je l’ai gardé, autant en faire un atout. Je deviens la seule humoriste expatriée alsacienne qui continue à parler comme le bec lui a poussé ! Sans filtre.



La proposition est nouvelle. En effet, je revendique mes origines, sans faire pour autant de « l’humour alsacien », réputé inexportable, puisque je m’adresse au plus grand nombre. Ainsi, mon spectacle intéresse avant même qu’il ne soit programmé. Très vite, je suis contactée par un producteur alsacien. Ma Première a donc lieu à Boersch et me vaut un article dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace, la bible en matière de presse locale. Je deviens Mylène Farmer du jour au lendemain, les 200 billets s’écoulent en 48 heures et les retombées assurent le fond de salle de ma programmation parisienne. En parallèle, je suis contactée par Les Alsaciens du Monde, je joue mon spectacle à Montréal en novembre 2019, il est même question que je joue à New-York l’année suivante.


Bref, je suis prête à conquérir le monde quand débarquent Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse : Gilets Jaunes, Grèves, Confinements, Fermeture des théâtres. A chaque fois, tout est à recommencer à zéro. Et à chaque fois, j’y retourne. Dernière debout, tel le chef d’orchestre du Titanic. Depuis la réouverture des théâtres, je joue mon spectacle tous les samedis à Paris. A chaque fois, si j’en crois les témoignages, le public vit une expérience exceptionnelle. Et cette communion me nourrit et me comble : N’ais-je pas coutume de dire que je vis ma vie pour la raconter aux autres ?


Comme je le faisais déjà dans mes écrits (blog, roman, guides…), je me livre sans limite et puise dans mon expérience pour raconter des histoires qui touchent, émeuvent ou amusent. Je réfute l’idée qu’il faille nécessairement être frustré, malheureux ou torturé pour être un vrai artiste. C’est l’intensité de la vraie vie qui nourrit ce que je fais sur scène, c’est pourquoi je passe de mon enfance en Alsace à mon voyage au Kosovo, en passant par ma belle-famille turque ou la ménopause. Finalement, dans mon spectacle, l’Alsace n’est qu’un prétexte pour porter un regard décalé sur le monde et la vie. Un peu dans la veine – toutes proportions gardées – des « Lettres persanes » de Montesquieu.



Ma vraie vocation, c’est de créer du lien. Au-delà de mon spectacle, j’ai envie aujourd’hui de partager mon parcours de vie avec le plus grand nombre, pour que chacun y puise espoir, inspiration et joie de vivre. Car je suis la preuve vivante que, dans la vie, tout est toujours possible, notamment se lancer dans le One-Woman-Show à 50 ans, sans avoir jamais pris de cours de théâtre avant. Qu’on n’a pas besoin d’être une Miss France lisse et sans aspérité pour représenter la France et ses régions. Que rien ne vaut la vraie vie, les vrais gens, mes vraies sources d’inspiration. Qu’on peut changer de vie sans forcément tout bruler derrière soi. Que c’est en cultivant sa différence, en persévérant, qu’on trouve sa place dans l’univers car « à force de vouloir entrer dans un moule, on finit par devenir tarte ».


Bref, j’aimerais que chacun retienne que…

La vie est une aventure.

Tout est toujours possible.

Il n’y pas d’âge pour vivre sa passion.

Réussir sa vie n’est pas réussir dans la vie.

On peut changer de vie sans tout changer.

Tout s’apprend (dans le doute et la sueur). Persévérer est la clé.

Votre différence fait votre force.

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